Trompée de table?[Camelia]

Lorenzo s’étira. Le soleil venait de percer par la fenêtre, et il semblait que les yeux du jeune portugais, quoique clos, furent dérangés par cette lumière intempestive. Il ouvrit difficilement les yeux, et fit un léger grognement en s’étirant, sauf qu’un de ses bras mit un coup à quelque chose, ou plutôt quelqu’un qui se trouvait à côté de lui….Une fille. Tiens, il n’avait pas trainé, il en avait ramené beaucoup ces derniers temps. Il regarda un moment la jeune fille a côté de lui, lovée dans ses draps, et il tenta d’attraper son caleçon au sol, pour se vêtir légèrement avant d’aller à la douche matinale. Enfin matinale…Quand il regarda l’heure, il constata qu’il était déjà plus de 16 heures, c’était assez marrant d’ailleurs de passer les vacances à dormir auprès de jolies jeunes filles. Une fois qu’il put saisir son caleçon noir, il le mit rapidement, avant de s’extirper de ses draps, et de se rendre à côté de sa valise qui n’était pas déballée. Il l’ouvrit minutieusement, et en sortit délicatement des fringues neuves qu’il avait acheté juste avant de partir. En tout et pour tout, il n’en avait eu simplement que pour 500€ mais il n’avait pas acheté beaucoup non plus. Ce t-shirt blanc avait des motifs blancs également, mais en relief, ils donnaient une toute autre optique au t-shirt. Avec ça, il se dit que le pantacourt gris pale ferait l’affaire, il n’avait pas non plus envie d’être celui que l’on regardait tout le temps car même sans ça, il était déjà regardé. Eh oui c’est ça le début de la célébrité ! A chaque fois qu’il couchait avec une fille, certes il prenait du plaisir, mais il ne pouvait s’empêcher d’éprouver quelques remords…Tout ça n’avait juste pour but de blesser l’autre, et ça ne lui convenait pas forcément, mais il le continuait quand même, sachant tout de même qu’elles n’étaient juste que des relations d’un soir, et qu’il ne les reverrait pas forcément. Enfin, Lorenzo se dirigea vers la douche, quand il entendit la fille se réveiller, là, il se précipita dans la salle de bains, il ne voulait en aucun cas qu’elle reste collée à lui, alors plus vite il était sorti de la douche plus vite il pouvait partir.

C’est alors qu’il se souvint qu’il avait un espèce de diner ce soir, avec une personne dont il ne se souvenait même pas le nom, dans le cadre de l’amélioration de son contrat au Sporting, et cette personne était d’accord pour faire le déplacement. Si bien, qu’il se dépêcha de finir la douche, et qu’il s’habilla rapidement. La fille était à présent debout, dans ses draps, et le regardait avec envie, alors il s’exprima très rapidement, sans s’approcher d’elle :

« J’ai un rendez vous avec une fille canon à l’extérieur, désolée chérie, mais ça n’aurait pas pu marcher entre nous ! »

La fille fut choquée, et il lui montra la sortie, en rajoutant, visiblement très amusé :

« N’oublies pas de te rhabiller quand même, il faut pas partir avec mon drap quand même ! Même s’ils vont venir me les changer pour ce soir… »

Il eut un petit rire étouffé, et au passage, la jeune femme le gifla, il haussa les épaules, et attrapa une veste qui lui donnait l’air présentable sous cette chaleur étouffante du Mexique. Il ne tarda pas à arriver au restaurant Carlos & Charlie. Il le trouvait assez différent de ce qu’il avait pu rencontrer jusqu’à maintenant. Mais il entra quand même et s’annonça au type qui avait les réservations, et il demanda :

« Lorenzo Torres. Mon ami est-il arrivé ? »
-Oh monsieur, nous sommes désolés, il a appelé pour dire qu’il avait un contretemps. N’avez-vous pas reçu notre appel ? Dinerez vous ici quand même ?
« Oui ! je garde la table commandée. »

Alors il alla s’installer à l’endroit indiqué. Mais ce qu’il ne savait pas, c’était que le serveur l’avait installé à la mauvaise table, en saisissant le mauvais nom sur son registre. Ainsi, Lorenzo ne tarda pas à voir arriver une charmante demoiselle à sa table, la détaillant il s’exclama :

« Vous êtes l’assistante de mon négociateur de contrat ? »

Il était dix neuf heures, et Camelia était dans sa chambre, devant son armoire plus précisément. Elle avait beau être à Cancun en vacances, elle avait amené un tas d’habits et en avait également acheté un bon paquet … ce qui ne lui facilitait pas la tâche. Elle se cherchait une tenue pour la soirée, une soirée sous le signe du Mexique, le pays qui l’accueillait à bras ouverts pour ses vacances. Elle avait en effet réservé une table dans une restaurant mexicain, désireuse de découvrir de nouvelles saveurs … enfin elle en connaissait déjà, mais les restaurants mexicains à New York ne devaient pas être les mêmes qu’au Mexique même.
Cela devait faire déjà trente minutes qu’elle était devant son armoire, à réfléchir. Ses yeux passaient d’une tenue à une autre, mais elle n’arrivait pas à se décider. Autant pour sa journée à la plage le choix de sa tenue n’avait pas été difficile ni longue, autant là … c’était compliqué. Devait-elle être plutôt chic, plutôt décontractée, plutôt sexy ? Elle avait envie d’être tout et rien à la fois. La chaleur ambiante ne la motivait pas vraiment à s’habiller … mais elle n’allait pas y aller nue tout de même. Tout en passant ses tenues les unes après les autres, elle se remémorait quelques aventures qui lui étaient déjà arrivées pendant ce séjour, bien que court encore. Elle retrouva notamment le short et le débardeur qu’elle portait dans l’avion, un voyage long pour une jeune fille qui déteste l’avion. Elle se souvint surtout des remarques que sa meilleure amie lui avait faites par la suite … des remarques concernant le profond sommeil que Camelia avait trouvé et qui avait laissé sa meilleure amie sans interlocuteur durant tout le voyage.
Enfin bref. Tout cela ne l’aidait pas. Elle ne pu qu’observer ses colocatrices qui elles avaient trouvé leurs tenues pour la soirée, s’en aller les unes après les autres. Et voilà, il était 19h30 et Cam’ était seule. Il ne restait qu’elle et son armoire … qui gagnerait ? Oups pardon. Légèrement saoulée elle-même de ne rien trouver comme habits, elle finit par attraper une robe blanche qui ferait l’affaire. Bien sûr, une petite voix lui indiqua dans son esprit que c’était dangereux de mettre du blanc au restaurant, mais elle n’y prêta pas attention. Si elle désirait arriver à temps au restaurant, il fallait qu’elle mette le turbo. D’ailleurs, c’est ce qu’elle fit par la suite. Elle enfila sa robe qui suivait parfaitement les courbes de son corps, se maquilla très légèrement juste pour mettre ses yeux en valeur, puis elle s’attacha ses longs cheveux blonds en une queue de cheval, pour finir par enfiler une paire de chaussures, attraper son sac et sortir de l’hôtel.
Ouf, enfin sortie. Elle appela alors un taxi, plus sûr pour trouver le restaurant, et indiqua sa destination au chauffeur. Une quinzaine de minutes plus tard et une quinzaine de minutes de discussions passionnantes avec le chauffeur, elle arriva à destination, paya ce qu’elle devait et pénétra dans le restaurant. Un sourire s’afficha directement sur ses lèvres, contente de trouver l’ambiance mexicaine qu’elle désirait. Tout avait l’air très typique, et elle aimait ça. Elle donna son nom à l’accueil qui la menèrent ensuite à sa table … sa table ? Pourquoi y avait-il un jeune homme ? Et pourquoi lui demandait-il si elle était l’assistante de je ne sais plus trop qui ?

« Hum nan, je suis l’assistante de personne. » Ben non, il ne faut pas rêver quand même. Elle était l’assistante d’elle-même peut-être, mais c’était tout. « Et vous … vous êtes le clown qui a été loué pour me faire passer une agréable soirée ? » Cela avait été dit sans méchanceté bien sûr. D’ailleurs, avec un si beau sourire aux lèvres, personne n’aurait pu le prendre mal. La seule personne qui ne savait plus où se mettre, c’était l’employé du restaurant qui plaçait les gens en salle. Il avait regardé tour à tour Camelia et l’autre jeune homme déjà assis, puis il avait regardé dans la salle … où apparemment il n’y avait pas de tables vides.

Une erreur de jugement de la part de l’employé, ou bien un manque de place, ou encore une bonne petite blague ? Lorenzo ignorait la cause de ce malentendu. Il se retrouvait devant une fille charmante, mais ils devaient donc manger tous les deux. Il ne pouvait pas négocier son contrat, ce qui le gênait un temps soit peu, parce qu’il aurait aimé être sur d’avoir le salaire qu’il voulait, et être assuré de jouer pro la saison prochaine. Mais rien de tout cela, il était assis, devant une jeune fille qui n’avait bien entendu pas l’allure d’une portugaise étant blonde aux yeux bleus, et au teint pâle. Sa question était donc bien stupide. Elle avait l’air plus que surprise qu’il se trouvait là lui aussi, et elle venait de lui assurer qu’elle n’était l’assistante de personne. C’était assez bizarre dans le fond. Pourquoi deux jeunes gens, se rencontraient-ils par hasard, dans un restaurant ? Il n’y avait rien de prévu, juste des coïncidences à vrai dire, mais ça perturbait le jeune portugais, qui prit la parole une nouvelle fois :

« Ok, vous n’êtes pas l’assistante, va falloir que je vois avec ce serveur qui va se faire virer apparemment…Enfin bref ! C’est votre table je suppose, je vais vous laisser diner en paix et essayer de trouver une autre table…Libre…Mais apparemment, il n’y en a pas ! »

Il se leva de sa chaise, il avait été bien élevé, mais la plaisanterie de la jeune femme lui revenait dans la tête. Ce n’était pas tous les jours qu’il voyait une fille plaisanter, il ne devait pas laisser passer l’occasion de renchérir, mais il devait trouver quelque chose, et les mots ne venaient pas, il se disait donc qu’il trouverait plus tard. Il détaillait la jeune femme, la regardant fixement dans les yeux. L’odeur de la nourriture mexicaine lui donnait expressément faim, donc hors de question de s’en aller d’ici ! Alors il se rapprocha une nouvelle fois de la table alors qu’il venait de s’en éloigner, et il demanda :

« Vous accepteriez la compagnie d’un clown juste le temps d’un diner ? Je n’ai aucune envie de m’en aller. »

Pourquoi la vouvoyait-il ? Elle devait avoir son âge environ, mais c’était par simple réflexe. Il arrêterait si elle lui demandait voilà tout. L’ambiance du restaurant était pour l’instant des plus calmes, mais on pouvait voir les serveurs s’affairer avec leurs commandes. Si bien qu’il y en avait un qui jetait plusieurs coups d’œil à leur table. Lorenzo le remarqua, et s’empressa de plaisanter à ce sujet avec la jeune femme :

« Je crois que vous avez tapé dans l’œil du serveur là bas ! A moins que celui-ci veuille simplement que vous vous asseyez pour qu’il puisse prendre votre commande ! »

A force de rester là, il se disait qu’il pourrait passer une meilleure soirée que ce qu’il avait imaginé, la jeune femme était tout simplement très charmante, il pouvait donc en profiter, mais ne la connaissant pas, il se demandait bien si c’était tout à fait son genre, les relations d’un soir. Il allait commencer à la tester, d’ailleurs il enchaina :

« Du champagne ça vous dit ? »

Un grand sourire malicieux sur les lèvres, on reconnaissait Lorenzo.

Non, elle n’était pas cette assistante que le jeune homme attendait apparemment. Elle en était désolée puisqu’il paraissait mignon, mais elle n’allait pas lui mentir toute la soirée pour passer du temps avec lui, ce serait vraiment débile … surtout qu’elle ne savait même pas quelle genre d’assistante il attendait. Elle aurait pu faire partie de n’importe quel corps de métier, donc valait mieux jouer la franchise … et puis avec son sourire tout passait de toute façon. Il lui indiqua alors qu’il allait la laisser tranquille, allant parler au serveur nul et chercher une autre table. Le regard de Camelia se promena alors dans la salle … et ne vit aucune autre table libre. A moins que son assistante soit assise à l’une d’elle, il ne pourrait pas s’asseoir.

Cam’ ne pu rien dire ni faire, il s’était relevé et s’était légèrement éloigné, laissant une jeune fille seule, un regard amusé et une petite grimace amusée sur le visage. Elle avait aimé le voir parler seul et délibérer seul également. Dans l’histoire, Cam’ n’avait servit à rien … et elle continuait de garder ce rôle puisqu’il finit par se rapprocher pour proposer sa compagnie, en faisant référence à sa petite blague de tout à l’heure. Cela fit rire la jeune fille qui finit tout de même par retrouver l’usage de la parole.

« Avec plaisir … après tout je ne voudrais pas causer être la cause d’une possible famine chez vous … ce serait bien dommage … »

Elle laissa sa phrase en suspend, laissant un peu de mystère comme elle savait si bien le faire. Ce serait dommage pour elle et sa conscience ou pour la mort d’un garçon si mignon ? A vous de savoir, elle ne dira rien. Il s’assit alors à nouveau à sa chaise, laissant Camelia apprécier ce début de conversation. Après tout, il ne se connaissait pas, mais alors pas du tout, et pourtant une certaine complicité s’était installée. Chacun plaisantait avec l’autre et s’amusait de la situation … une possible technique de séduction ? … Il reprit d’ailleurs sur le même ton pour l’inviter à s’asseoir, ce qu’elle fit sans se poser plus de questions. Les questions un soir de vacances sont complètement inutiles et inappropriées … surtout que Cam’ avait décidé de passer des vacances de folie …. Enfin sans se prendre la tête, elle désirait en profiter jusqu’au bout étant célibataire.

« J’espère plutôt qu’il désirait que je m’assois parce que … il n’est pas trop mon genre si vous voyez ce que je veux dire. »

Elle sourit alors et s’installe confortablement sur sa chaise. Un serveur leur amena alors les cartes, et le jeune homme proposa du champagne. Du champagne ? Pourquoi pas. La soirée était sous le signe de la fête après tout.

« Bien sûr … mais à une condition. » Elle attendit alors quelques secondes avant de continuer, comme si elle voulait créer un doute quelconque dans l’esprit du jeune homme … le faire patienter ne lui ferait pas de mal. « Cette condition c’est qu’on se tutoie … à force d’entendre « vous » j’ai l’impression d’avoir pris quinze ans. »

Et puis après tout, si ils allaient passer la soirée ensemble, autant se dure « tu », ce serait plus simple et plus commode.

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